La médecine sauvage

Nature magique

Par Armel Lucas « Repor’Terre » chez AGS

« C’est dans la compagnie des animaux que je trouve mon humanité » Yaël Angel, auteur-compositeur.

 

La médecine sauvage

 

La nature est une grande pharmacie et l'automédication chez les animaux existe bel et bien. À l'état sauvage, dans la nature, les animaux sont bien obligés de tester des plantes pour se soigner et ils n'ont pas forcément besoin de l'intervention humaine pour guérir leurs blessures, ils savent se débrouiller !

 

Si dans l'Antiquité déjà, on observait que certains animaux connaissaient le secret des plantes, l'automédication chez les animaux, est un champ d'étude scientifique redécouvert depuis maintenant une quarantaine d'années, en Tanzanie notamment où plusieurs chercheurs effectuaient des études sur les vertus médicinales des plantes sur l'organisme des chimpanzés. Un secteur de recherche bouleversant qui permet de réinterroger notre médecine humaine comme nos interactions avec l'ensemble du monde vivant, bien plus riche qu'on ne le pense en termes d'enseignements pour ce qui concerne notre santé et notre médication naturelle.

 

 

Les chimpanzés et les singes, en général, savent se soigner par les plantes lorsqu'ils souffrent de maux intestinaux. Ils ingèrent alors  certaines espèces, aux vertus antiparasitaires, qu'ils délaissent habituellement. En cas de maux d'estomac, ils avalent des poignées de terre rouge, dont l'analyse a révélé des propriétés comparables à celles d'un pansement intestinal ! L'armoire à pharmacie des chimpanzés est admirable !

 

Les oiseaux font aussi preuve d'un trésor d'intelligence pour construire des nids sains et protecteurs.  L'objectif est surtout de désinfecter pour que les oisillons, encore très fragiles, se développent bien. Les étourneaux sansonnet incorporent à leur nid des feuilles de carottes sauvages qui limitent la prolifération des micro-organismes et des parasites. Les mésanges bleues de Corse font de même avec les herbes aromatiques du maquis, tandis que le vautour gypaète barbu prend des bains d'eau rougeâtre, riche en oxyde de fer, connu comme antiparasitaire.

L’ours est un immense herboriste et il a beaucoup à nous apprendre sur l'argile, les champignons qu'il utilise quand, par exemple, son système digestif est infesté par de nombreuses espèces de vers parasites. Les ours vont par exemple ingérer certains types d'argile pour limiter l'action de ces parasites.

Les cornacs ont intégré dans leur pharmacopée un certain nombre de plantes qu'utilisent leurs éléphants, par exemple une liane vermifuge, ou une plante qui a des propriétés anti-inflammatoires. Au Laos, une quinzaine de plantes sont utilisées par les cornacs et les éléphants pour guérir des maux gastriques et intestinaux. Les chercheurs ont identifié jusqu'à 114 plantes utilisées par les éléphants et par le peuple cornac. 

Les morsures de serpents venimeux sont aussi un gros problème médical auquel les animaux sauvages doivent faire face. Dans ce cas, les chameaux broutent de l’euphorbe qui agit comme une purge pour se débarrasser du poison, les loups creusent le sol pour déterrer et manger la racine de la renouée bistorte (herbe aux serpents) qui agit de même et les tortues ont trouvé la parade en mangeant de la marjolaine.

Les animaux pratiquent aussi le jeûne et le repos et savent panser les plaies avec du plantain, de la résine de pin ou encore de l’argile…

Tous les animaux possédant un système nerveux sont capables de ressentir une douleur. Mais, établir une relation de cause à effet, entre un mal et la façon de le traiter,
exige bien une prouesse intellectuelle ! Les animaux sont nos maîtres, observons les, ils ont tant de trésors à nous enseigner.